mardi, décembre 05, 2006

Blessures

Je n'ai pas écrit depuis bien longtemps,
il y a des choses à dire pourtant,
Le Liban se meurt à petit feu, doucement,
tué par ses propres enfants,
Le Liban va mal et moi avec,
je crains le pire, je crains le réveil
de très vieilles blessures,
nous glissons vers une guerre,
doucement inexorablement,
cette vision au ralentit du cauchemar,
comme dans un film,
je reste impuissant à regarder,
les événements se dérouler,
et je me dis que l'homme est con...

dimanche, octobre 22, 2006

La lampe magique




Cette odeur, ce parfum qui embaumait le petit chemin qui allait descendant vers la mer et la maison de ma grand mère. Son odeur allait en augmentant, tout doucement des dizaines de mètres avant, jusqu'à l'entêtement quand je passais dessous, devant...ce parfum qui suivait mon sillage des dizaines de mètres plus loin, me quittait à regret, mais à jamais imprimé dans ma mémoire, le jasmin.
En contre bas une maison modeste, installée posée au milieu d’un jardin, riche, en oranger, bananier, clémentinier, différentes variétés de raisins, un grenadier, des pensées, des roses,
des ……mon paradis à moi. En face la mer méditerranée, à droite une citadelle, de vieux vestiges qui remontent à 7000 ans, qui s’étalent indifférents au temps qui passe.
C’est mon lieux magique, c’est un lieu fantastique, c’est un lieu de ressource intérieur, c’est le mien, c’est une lumière dans les moments difficiles.

Je suis certain que chacun de nous à son lieu magique en lui, même si on ne le trouve pas, même s’il ne s’impose pas à nous comme une évidence, il est là quelque part, installé confortablement dans nos mémoires. C’est comme une lampe magique poussiéreuse qu’on ne voit même pas…. Le jour ou vous trouverez votre lampe magique frottez là, vous serez étonné par le résultat, le génie qui en sortira vous offrira une fortune, de celle que vous ne connaissez pas…

lundi, octobre 02, 2006

Mes Racines



Il y a eu la guerre, oui
Mais avant était-ce
Heureux, insouciant ?
C’était heureux oui,
du moins je le vivais ainsi,
C’était riche mais pas d’argent,

C’est étonnant comme on peut garder le pire ou le meilleur d’une même situation,
Il suffit de voir les choses autrement, se positionner sur un autre versant de la réalité. J’aimais et j’aime la vie comme elle s’est présentée (avant la guerre), cela ne veut pas dire que les choses étaient faciles ou difficiles, elles étaient c’est tout. En réalité j’en garde l’essentiel, avec un certain détachement serin. Alors quand je suis stressé, je ferme les yeux et je refais ce voyage en arrière, j’y puise ma sécurité, ma sérénité, j’y puise une force qui me permet d’avancer. Je sais, j’ai eu la chance d’être aimé, mais je sais aussi que j’ai su aimé en retour, et je sais également que j’avais également la chance de percevoir avec facilité les choses positives de la vie qui se présentaient à moi. Je m’en suis pendant un moment éloigné de ce « moi » qui percevait les choses, je me suis éloigné de l’affection que je portais à mon semblable, peut être était-ce nécessaire pour mieux y revenir

Aujourd'hui je retrouve mes racines intérieurs….

mercredi, septembre 20, 2006

Mais où est passé le Café?

Où est passé le café,
atomisé, disparu,

pour ceux qui passent encore chez moi,
je ne peux vous fournir votre petit déjeuner,
comme à l'accoutumé, avec les sourires et les baisers,

je les apporte ici, des fois que vous avez l'idée de venir ici.

jeudi, septembre 07, 2006

Vous me demandez...




Vous me demandez,
Pourquoi tu pleures ?
Ma réponse ne sert à rien
Vous dites : on peut t’aider.
Pouvez-vous rendre les morts à la vie ?

Mon petit copain est mort,
Il est mort innocent,
Il est mort dans la noce de son enfance
Vous demandez, comment est-il mort ?

D’une balle en plein cœur,
Tiré froidement par un sniper
Dans un pays en pleine guerre
Une guerre qui tue et qui exile

Il n’était pas combattant,
Son petit frère avait faim,
Il lui fallait traverser sa rue
Celle qu’il connaissait si bien
Pour rejoindre le magasin,

Sa maman a tenté de le retenir,
Maman je suis grand,
Au milieu de sa rue,
Celle qu’il connaissait si bien
Son air de jeu avec ses copains,
Un bruit un seul, unique, claque
Pour signifier la fin de l’entracte
La fin d’une histoire, la fin tout court.

Ne pleure pas, ne pleure pas
Il est mort pour le pays…
Vous vous moquez ou quoi ?
Vous ne savez pas
Que la guerre ne sert à rien,
Elle sert ceux qui ont vendu mon pays
Et les combats réalisent leurs rêves,
Leurs sales rêves.

Je pleure tous ceux qui sont morts,
Dans mon cœur une blessure
La blessure de ceux qui sont morts
Enterrés à l’air libre
Morts pour ce qu’on appelle la cause
La cause d’exiler un peuple
De le torturer pour l’éternité.

Dans mon cœur des éclairs et des tonnerres,
Dans mon cœur une révolution,
Révolution de l’amour
Révolution qui a poussé
Parce que, blessée

Vous me demandez pourquoi je pleure….

J'ai rédigé ce texte en 1979, j'étais en France depuis 4 ans. J'ai apporté peu de modifications au texte d'origine, même si aujourd'hui je l'écrirais de façon différente.

jeudi, août 31, 2006

Me revoilà


Après un long silence je reviens,

Oui je reviens car il m’était difficile d’écrire, car mes mots étaient teintés de colère et de haine, j’étais sans indulgence.

Oui mon passé m’est revenu comme un boomerang à la figure, violence, tuerie sauvagerie sans nom, sans réel motif valable.

Oui il m’a fallu du temps pour « digérer », reprendre de la distance.

Non cela ne veut pas dire que je pardonne à ceux qui ont initiés la guerre et à ceux qui en ont profité pour démolir méthodiquement un pays, car cela n’est pas pardonnable.

Je vous livre cette métaphore que j’ai lue il y a quelques jours et qui résume bien mon état d’esprit aujourd’hui :

Un vieil homme qui vit seul au sommet d’une montagne avec son fils unique et n’ayant pour seul bien qu’un cheval. Le cheval s’enfuit, les villageois viennent le réconforter et il leur répond : « je ne sais pas si c’est un bien ou si c’est un mal ».
Puis son cheval revient accompagné d’une horde de chevaux sauvages vite capturés par son fils. Les villageois viennent le féliciter en disant que cela se termine positivement. Le vieil homme leur répond de nouveau : « je ne sais pas si c’est un bien ou si c’est un mal ». Ce qui surprend vivement les villageois.
Quelques temps après, le fils, en dressant les chevaux sauvages, fait une grave chute et se retrouve totalement impotent. Les villageois retrouvent le vieil homme pour le consoler. De nouveau celui-ci répond : « je ne sais pas si c’est un bien ou si c’est un mal ». Ce qui choque les villageois car ils ne comprennent pas ce que l’on peut trouver de bien à ce que son fils soit invalide pour de nombreux mois.
Et ce n’est que lorsque, quelques mois plus tard, la guerre ensanglante le pays tout entier, que tous les jeunes gens du village sont réquisitionnés pour aller à la guerre et que seuls quelques uns en reviennent, pour la plupart gravement mutilés, que les villageois comprennent ce que le vieil homme a voulu leur dire.

Et au Liban nous avons un proverbe qui dit : « Ne déteste rien, c’est peut être pour un bien »

J’ose espérer que cette guerre ne sera pas inutile et qu’au-delà des horreurs, c’est sur le chemin chaotique de la paix que nous cheminons.

J'offre ce passage à tous les morts de cette guerre quelque soit leur camp.




samedi, août 05, 2006

Pourquoi?


Accaparé par les événements, qui finissent par me torturer, qui finissent par tarir les mots, car il n'y a rien à dire face à tant d'absurdités, il n'y a pas un mot pour qualifier tout cela, il n'y a que l'impuissance sourde d'un spectateur qui regarde en colère, ces gens qui décident de la vie ou de la mort avec une insolence écœurante...
Demain on ne fera plus la une des journaux qui nous gavent de visions cauchemardesques, mais demain et pour longtemps après que l'image se soit effacé de notre mémoire, des blessures ouvertes vont demeurer dans le silence de l'éternité et des âmes exsangues... Pendant que ceux qui ont déclenché et ceux qui ont participé à cette guerre vont continuer à se gaver de slogans hypocrites.
Oui en ce jour je souhaite rétablir la guillotine, et je couperai la tête de tous ces irresponsables. Aujourd’hui j’ai de la haine, tant pour ceux qui se prétendent Libanais et qui ont initié cette guerre, que pour les Israéliens qui au nom de la défense de leur pays massacrent sans vergogne….

Aujourd’hui je suis épuisé par la bêtise humaine. Pourtant la paix c'est si simple.

Merci à vous qui êtes là à m'écrire ou à me parler.

Gto

vendredi, juillet 14, 2006

Le réveil du cauchemar


Et voilà de nouveau le cauchemar qui se réveille
Après un long sommeil, la guerre réapparaît au Liban,
Non cette guerre n’était pas éteinte, elle dormait sous la braise,
Attendant une brise soufflée par un barbu, un abruti,
Qui malheureusement a en face de lui d’autres barbus d’autres abrutis,
Alors œil pour œil, dent pour dent, la loi du talion.
Alors on se bombarde, de mauvaises intentions,
Les morts ne sont que des gens pour la plupart ordinaires,
Ni intégristes, ni combattant, des gens qui veulent vivre tout simplement,
A qui ils confisquent la liberté de décider, à qui ils confisquent la vie,
Au nom de qui, au nom de quoi, je ne sais pas.
Et si nécessaire encore cela prouve la stupidité de l’être humain,
Con, bête, et guerrier, se croyant intelligent….
Parfois j’ai l’impression qu’au Liban on a mit des gens qui
Dans une autre vie étaient particulièrement méchants,
A qui on a inventé une autre vie, pour leur faire payer le prix
A l’infini de leurs mauvaises actions d’antan.

L'image prise sur internet n'est pas de belle qualité

jeudi, juin 22, 2006

Les blessures


Guérir de ses blessures n’est pas chose évidente au début. Chacun fait ce qu’il peut comme il peut dans les moments difficiles qu’il traverse.
J’ai mis beaucoup de temps, j’ai épuisé beaucoup de colères, je souriais facilement (du moins en apparence) à la vie espérant avoir en retour un sourire de sa part, j’ai fait des cauchemars, j’ai pleuré, je me suis recroquevillé en espérant oublier, ou en espérant que toute cette histoire m’oublie au bord de son chemin. J’ai refais le temps, je l’ai remonté plus d’une fois péniblement, avec l’espoir de retrouver le soleil de mes quinze ans, en vain.


Je me suis épuisé, j’ai tout épuisé, mes stratagèmes et mes idées. J’ai même tenté d’oublier, j’ai appris à faire semblant, à me mentir, simplement pour tenir bon. Tout me revenait à la figure, comme un boom rang. Je m’éloignais de mes réalités de mes souffrances auxquels j’étais relié par un élastique que je tendais à l’extrême, mais l’effet de l’élastique est terrible, il me ramenait d’un coup d’un seul sans ménagement pour me rappeler sans états d’âme à la réalité de l’histoire, pourtant je m’accrochais à tout ce qui passait pour éviter ce retour brutal, rien à faire la réalité est plus forte.

Maintes fois j’ai recommencé le même stratagème, j’espérais que l’élastique allait tôt ou tard lâcher du lest et s’épuiser, il n’en était rien bien au contraire il prenait de la force et réagissait de plus en plus vite.

J’ai enfin compris que mes solutions étaient vaines, alors je suis allé au fond de la souffrance, je suis allé à la rencontre de mon histoire, j’ai finit par trouver dans ce qui me semblait un trou noir sombre, de la lumière, j’ai compris que le noir absolu ne peut exister, j’ai compris que même le noir m’a apporté, que malgré son côté effrayant il peut être un compagnon utile, j’ai appris à ne pas me fier aux apparences, j’ai appris à apprécier le noir pour mieux voir la lumière qui palpite au fond de lui.

J’ai mis vingt cinq ans pour comprendre tout ça, j’ai mis le temps, mais ce n’était pas là le plus important, car j’ai avancé, j’ai accepté, j’ai pardonné, je suis en paix….

jeudi, juin 08, 2006

Une journée sans fin


Cinq heures du matin, d’habitude la maison est calme, pas un bruit, je me réveille en sursaut comme si quelque chose d’important se passait là autour de moi, j’ouvre les yeux, en face de mon lit la salle de bain, papa se rase, inhabituel à cet heure ci, je me lève avec une angoisse qui surgit je ne sais d’où, un nœud sur l’estomac, je m’approche et là je vois les yeux rougis de papa, des larmes qui coulent.
Il me dit tu sais ton cousin Pierre. Oui je sais, je refais le film de la veille à 100 à l’heure, il conduisait une jeep pour emmener des gens combattre au nord de la région contre les Palestiniens qui ont ouvert se front et tentaient une avancée vers nos régions, je voulais le voire absolument lui parler, pourquoi ? Je ne le sais pas moi-même, mais ça me paraissait vital, je l’ai cherché un moment et quand enfin je l’ai aperçu, trop tard la jeep s’éloignait, j’ai couru après pas réussi à le rattraper. Et bien mon cousin oui qu’est ce qu’il a ? Et bien il a été blessé par un obus cette nuit il est en salle d’opération.
A ce moment j’ai compris ce que voulait dire l’expression : le monde s’écroule, je n’ai pas encore 18ans.
Mes parents sont partis à l’hôpital, je suis resté prostré un moment dans le salon à attendre des nouvelles, à téléphoner à mes tantes, je cherchais une réponse qui me rassure, tenaillé par une sensation de vide absolue qui grandit en moi.
Le temps s’est figé, le temps a changé, à cette période où il fait beau, le ciel s’est voilé, comme pour annoncer une mauvaise nouvelle à laquelle il me prépare.
Je sors de l’immeuble pour aller chercher des nouvelles, je n’en peux plus, mon être mon âme ma tête bouillonnent, tout se bouscule dans une cacophonie et un désordre, le chaos.
Dehors le ciel est triste, les rues sont vides, je trouve quelqu’un que je connais, je lui pose des questions, je lui parle, avec cette sensation que quelqu’un d’autre parle à ma place, les yeux dans le vague. Je suis vide de toute vie, l’impression d’être quelqu’un d’autre que je ne connais pas.

Quand enfin j’aperçois un de mes cousins, je suis paralysé, je veux aller vers lui, lui parler, pour savoir, mais j’ai peur de la réponse, je m’approche comme un zombie, la gorge nouée, les larmes au bord des yeux, les poings serrés, à sa tête j’ai compris qu’il n’y a pas de question à poser, pourtant je le fais espérant me réveiller d’un cauchemar, entendre non tu t’es trompé, tout va bien.

A ma question, sa réponse nette sans appel comme un guillotine, j’entends, il est mort, il n’a pas survécu à ses blessures, il était à 7 Km du lieu du combat, un obus a percuté le montant de la fenêtre de sa jeep, un éclat lui a tranché la carotide.

Puis le néant absolu, je ne me rappelle plus de rien, jusqu’au moment où j’ai pu aller chez lui, le soleil est revenu, je ne sais plus si je pleure, si je suis moi ici, je ne sais même plus qui je suis.

Le cercueil, au milieu de la pièce, un cordon fait par des adultes pour que personne s’en approche, je veux le voir on veut m’en empêcher, je trouvé une force que je ne me connais pas, j’ai agrippé deux mains qui se tiennent, j’ai appuyé de toutes mes forces ils n’ont pu résister, ils me demandent de les lâcher, je suis passé.

Il a les yeux fermés, le côté tuméfié, mais un air apaisé, j’ai vidé mes dernières larmes, j’ai épuisé mes dernières colères.

Longtemps il m’a hanté, il a habité mes rêves, toujours les mêmes, il est là vivant à mes côté, il n’est pas mort, puisqu’il me répond au téléphone, puisqu’il passe me voir. Je me réveille pour retoucher à la réalité.

Maintenant que ses visites se font plus rares, je les prends comme un cadeau, je sais qu’on ne s’est pas oublié.



lundi, juin 05, 2006

Clin d'oeil


Ce texte est tiré du livre "La Jeunesse et l'Espoir"
de Gibran Khalil Gibran
Ecrivain Libanais


La jeunesse marchait devant moi, et je la suivis jusque dans un champ retiré. Là elle s'arrêta et leva les yeux vers les nuages qui erraient dans le ciel, tel un troupeau de moutons. Puis elle regarda les arbres dont les branches nues étaient tendues vers le ciel comme dans un geste d'invocation, afin que revînt leur feuillage.

Et je dis : "O jeunesse, en quel lieu sommes nous arrivés?"
Elle répondit : "Dans le champ de la confusion. Garde toi."
Alors je criais : "allons nous-en sans tarder, cet endroit m'effraie."
Mais elle objecta : "soit patient, car c'est dans le doute que naît la connaissance."

Puis, regardant à l'entour, je vis une gracieuse silhouette venir vers nous. Je m'enquis : " qui est cette femme?"
Et le jeunesse de répliquer : " C'est Melpomène, fille de Zeus et Muse de la tragédie."
"Mais jeunesse heureuse, m'écriai-je, que me veut la Tragédie alors que vous êtes auprès de moi?"
Et elle me répondit : " Elle est venue afin de te montrer la terre et ses afflictions, car quiconque n'a jamais regardé la souffrance ne peut prétendre voir la joie."

Suite au prochain épisode

dimanche, juin 04, 2006

Mémoire


J’ai retrouvé des pages écrites par moi après mon arrivée en France, étrange sentiment de retoucher à mes pensées d’hier, et hier c’était il y 20 – 30 ans. J’en avais oublié la plupart de mes paroles de mes colères. Ce qui leur donne plus de relief c’est ce que je j’écris aujourd’hui. Puis je découvre que je n’écrivais pas très bien le Français, trop de répétitions de fautes, donc conclusion je me suis un peu amélioré, mais la force du sentiment, de la révolte sont là. Je vais publier au fur et à mesure de mes corrections ces textes d’un moment, empreintes des pensées que j’avais en essayant de ne pas les déformer.
Je mentionnerais texte ancien pour vous situer ou la date quand je l’ai noté.

jeudi, juin 01, 2006

Utopie


Alors écoute bien, je suis bavard dans mes silences, je me parle de toutes ces absences, je fais le monde à manière tendre doux et sans colères je rêve d'un pays merveilleux sans haines ni guerres non je ne veux pas d'un monde insipide. Juste sans guerre juste sans misères.

samedi, mai 27, 2006

Recette de poisson


Comment préparer un plat de poisson, Recette simple au demeurant, car elle demande comme ingrédients : Du poisson…….. Mais bon le poisson, on ne l’achète pas chez le poissonnier, ici on va le pêcher. Donc voici la marche à suivre : Trouver une bande de copains, deux ou trois suffisent, dont un a une petite barque à moteur, comme celles qu’on trouve sur les bords de la méditerranée, des appâts, une canne à pêche, un moulinet et un panier en osier. Se lever tôt, à 5 heure du matin, prendre un bon petit déjeuner, se préparer une tartine en plus au cas où une petite fringale surgirait en mer. Il faut s’habiller simplement et toujours penser avoir un maillot sous le pantalon, pour piquer un plongeon quand le poisson à décider de ne pas participer à la fête. Il faut tout de même être rasé et parfumé avec une eau de toilette qu’on ne connaît plus un parfum ancien. Aller jusqu’au petit port de pêche, silencieux à cet heure matinale, juste perturbé par le bruit d’une barque qui rentre d’une pêche de nuit. Monter dans le bateau et observer quand tout le monde est installé, les gestes précis de ses habitués de la pêche, celui qui libère l’ancre, celui qui se met à a barre, celui qui tourne la manivelle pour démarrer le moteur, qui s’étouffe d’être ainsi réveiller de bonheur, à une heure où on est encore au lit, il rechigne au départ, refuse de démarrer, mais n’a jamais le dernier mot. La petite barque sort du port, et doit rejoindre le lieu de pêche qui n’est pas décidé au hasard, là il y a les experts qui ont pris des repères sur la côte : la fenêtre du deuxième étage de cette maison doit être caché à trois quart par la maison qui est juste devant etc … il faut avoir de bons repères, c’est le secret d’une bonne pêche. En fonction du type de poisson à pêcher, on jette l’ancre ou bien on laisse dériver le bateau au grès du courant et du vent. On s’installe chacun à sa place, et puis les lignes de pêche commencent un ballet bien organisé, chacun choisissant un coin de la scène qui lui convient. Au départ il ne faut pas être trop bavard, puis petit à petit les langues se chauffent au rythme des prises et du soleil qui se fait de plus en plus fort, on se raconte des histoires, on se taquine, on rigole . Bref le temps passe tranquillement, il donne même l’impression qu’il oublie de tourner, d’avancer, car lui aussi apprécie les temps morts où il ne fait rien et où plus personne ne pose la question fatidique : quel heure il est, est ce que je vais avoir le temps de, je ne vais plus avoir le temps. Mettez vous quelques instants à la place du temps, c’est lourd à porter de se faire courir après, de dire qu’on en manque, qu’il passe vite sans s’arrêter, bref toutes ses idées reçues sur le temps, ici s’arrêtent n’ont plus d’importance. Alors le temps profite du temps. Une fois la pêche terminée, chacun compare sa prise avec les autres, et chacun prépare sans le dire le récit de la journée, car le soir il faut se la raconter cette histoire, pour ceux qui n’étaient pas là, pour ceux qui étaient là au cas où ils ont loupé un détail et à soi même pour être sûr d’avoir v écu cette journée en l’imprimant dans sa mémoire. Il est vrai que l’histoire du soir diffère de ce qui s’est passé le matin, car chacun a eu le temps de la rêver, de la peaufiner de l’embellir. Puis retour au port, pendant ce temps chacun range le matériel de pêche, nettoie ses poissons, rince et lave. Alors moi quand j’étais présent avec mes frères et sœurs à la pêche, on faisait un détour en s’approchant de la plage, on sautaient de la barque et nous rejoignons la plage à la nage. , pour y passer deux ou trois heures à jouer et nager. C’est une parenthèse dans la recette de poisson, j’y retourne. Une fois à la maison, on fait chauffer l’huile pour frire le poisson, une fois le poisson frit, prendre du pain libanais, et le frire également. Servir le tout bien disposé accompagné de frites (il n’y a pas que les belges une fois qui font des frites) une salade de tomates, concombre et salade romaine au citron, huile d’olive, ail et menthe fraîche pilés, de la bière Almaza (bière libanaise blonde légère), disposé tout sur la petite table qui se trouve sur le balcon. Manger, tout, ne rien laisser, se lécher les doigts et se dire que le bonheur est simple…… En fin de journée après une sieste bien méritée, aller rejoindre les amis de la pêche, et d’autre qui n’étaient pas là, se raconter sa journée, et se rappeler d’autres histoires de pêche, toutes embellies, améliorées, peu importe, le temps semble ne plus avoir de prise sur ces récits à la Pagnol, alors il s’arrête ici car personne ne lui court après…………… Maintenant beaucoup de ces gens sont partis rattrapés par le temps, qui malgré tout continue de tourner le coquin, mais ils restent dans ma mémoire, que le temps essaye d’effacer, car je n’ai personne à qui les raconter,

mardi, mai 23, 2006

Le bonheur est simple


Retour en arrière, un peu avant la guerre, un peu avant , le temps insouciant je regardais à mon tour d’autres misères, le Vietnam, le Biafra….. Je vivais dans un immeuble, une chambre pour quatre frères et sœurs, mais que du bonheur, on partageait nos jeux, nos pieux, on cachait sous nos lits des fruits qu’on mangeait en cachette la nuit, on se chamaillait, on s’engueulait mais que du bonheur. Nos conditions de vie n’étaient ni misérables ni pauvres, je les qualifie de difficiles c’est tout, mais que du bonheur, je n’en garde aucune amertume aucun regret de ces conditions, elles étaient et sont toujours mon vrai bonheur. Elles m’ont appris que le bonheur n’est pas celui qu’on croît, n’est pas celui qu’on court tous y compris moi, il est plus simple, il est dans un regard dans des mots d’amour, pourtant ce n’était pas toujours le cas. Je précise que j’avais et j’ai toujours l’amour de mes parents de ma famille malgré un père sévère, en réalité sa sévérité cachait sa peur de ne pas nous voir réussir dans la vie pour qu’on vive mieux qu’eux, aujourd’hui il pleure quand il nous voit arriver et repartir. Quand je dis que ce n’était pas les cas c’est parce que j’ai fais mes études chez les jésuites et ils savaient poser le regard négatif nécessaire sur nous pour nous montrer que nous ne sommes rien….. Moi j’ai oublié ces regards qui ne m’intéressaient pas, qui ne m’appartenaient pas, je n’ai gardé que les regards qui m’ont aimé. En fait l’idée que nous ne faisons des choses, la façon de les vivre n’est qu’une construction de l’esprit de chacun, ainsi nous ne réagissons pas de la même façon aux mêmes événements. Loin de moi l’idée de juger en bien ou en mal tel ou tel comportement, bien au contraire c’est ce qui me permet d’être tolérant. Une autre réflexion, c’est le regard de certains touristes sur ce qu’ils supposent être de la misère dans les pays dit pauvres qu’ils visitent, ils ne savent pas de quoi ils parlent et sont persuadés que leur modèle est le meilleur…….gras et riche. Je vivais à ma manière, je vivais comme beaucoup d’enfants, rien de bien différent sur le fond j’en garde du vrai bonheur.

dimanche, mai 21, 2006

Expatrié

Je suis un expatrié de la guerre, ce beau pays le Liban est happé en 1975 par un vent de folie, comme une tempête de sable qui aveugle tout et tout le monde, les hommes se tuent et s'entretuent, les massacres les horreurs la terreur.
Tout cela était incompréhensible pour moi, à 17 ans. Je ne comprenais pas comment des hommes qui me paraissaient doués d'intelligence, pouvaient en arriver là. J'ai perdu des amis de classe tués sauvagement, j'ai tenu un an dans cet enfer de larmes de sang et de folie.
En 1976 je perds en Mai un cousin de mon age que j'aimais beaucoup, j'ai perdu en trois semaines 12 Kg et toutes mes illusions sur la capacité des hommes aveugles et assoiffés de pouvoir d'arrêter cette sale guerre.

Alors j'ai décidé de partir, m'éloigner de cet enfer où l'homme n'avait plus de place, où ce qu'on appelle humanité vivait dans des bas fonds tapis dans l'ombre de la terreur et de la vengeance. Pas une famille ne fut épargnée, tous y ont laissé quelque chose.

Cette année en septembre cela fera 30 ans que je suis expatrié, pourtant je continue à aimer ce pays.

Voilà le récit de mon départ que j'ai écrit il n'y a pas longtemps :




Dans ce maudit bateau j’ai posé les pieds
Pourtant il était ma délivrance,
De toutes mes incompréhensions,
De toutes mes souffrances,

J’ai choisi de laisser derrière moi

La haine et la bêtise humaine,
J’ai choisi sans choisir

Juste pressé de fuir,

L’abjecte, et ce que l’homme
Montre qu’il a, de pire.

Je monte dans ce bateau,

Sans avoir dit adieu,

Le bateau s’éloigne et
quitte le rivage,

Bientôt les lumières de la côte se font moins denses,

Et entament leur dernière danse,
Je m’approche de la balustrade

Je regarde mon enfance me quitter
Mon histoire s’effacer,

Pendant que s’estompe le bruit des armes,

Sur mes joues coulent les larmes,
Elles tombent dans la mer
Qui n’en a que faire,

Quelques gouttes de plus,

Ne changeront rien à son goût salé

Ne changeront rien à ce moment amer
Se noient dans son immensité

Perdus à jamais.

Alors quand mes larmes se sont taries

Quand je n’en trouvais plus

Fatigué, épuisé je n’étais même pas soulagé,

Les heures ont passé

J’ai vu le jour se lever

J’arrivais devant ma nouvelle destinée.

Tentation




L'aventure du Blog a commencé le jour où j'y ai fais des connaissances, où j'y ai rencontré des amis.
Cet univers qui me paraissait froid et "hostile" virtuel sans âme, m'a permis au contraire de m'exprimer, d'écrire d'échanger, de publier des photos....
Pourquoi le Byblos, tout simplement parce que je suis né dans cette ville du Liban au bord de la Méditerranée, cette ville de 7000ans d'histoire, qui coule dans mes veines,
Je partagerai avec vous mon amour du Liban et de façon modeste mes écrits et mes photos.