jeudi, juin 22, 2006

Les blessures


Guérir de ses blessures n’est pas chose évidente au début. Chacun fait ce qu’il peut comme il peut dans les moments difficiles qu’il traverse.
J’ai mis beaucoup de temps, j’ai épuisé beaucoup de colères, je souriais facilement (du moins en apparence) à la vie espérant avoir en retour un sourire de sa part, j’ai fait des cauchemars, j’ai pleuré, je me suis recroquevillé en espérant oublier, ou en espérant que toute cette histoire m’oublie au bord de son chemin. J’ai refais le temps, je l’ai remonté plus d’une fois péniblement, avec l’espoir de retrouver le soleil de mes quinze ans, en vain.


Je me suis épuisé, j’ai tout épuisé, mes stratagèmes et mes idées. J’ai même tenté d’oublier, j’ai appris à faire semblant, à me mentir, simplement pour tenir bon. Tout me revenait à la figure, comme un boom rang. Je m’éloignais de mes réalités de mes souffrances auxquels j’étais relié par un élastique que je tendais à l’extrême, mais l’effet de l’élastique est terrible, il me ramenait d’un coup d’un seul sans ménagement pour me rappeler sans états d’âme à la réalité de l’histoire, pourtant je m’accrochais à tout ce qui passait pour éviter ce retour brutal, rien à faire la réalité est plus forte.

Maintes fois j’ai recommencé le même stratagème, j’espérais que l’élastique allait tôt ou tard lâcher du lest et s’épuiser, il n’en était rien bien au contraire il prenait de la force et réagissait de plus en plus vite.

J’ai enfin compris que mes solutions étaient vaines, alors je suis allé au fond de la souffrance, je suis allé à la rencontre de mon histoire, j’ai finit par trouver dans ce qui me semblait un trou noir sombre, de la lumière, j’ai compris que le noir absolu ne peut exister, j’ai compris que même le noir m’a apporté, que malgré son côté effrayant il peut être un compagnon utile, j’ai appris à ne pas me fier aux apparences, j’ai appris à apprécier le noir pour mieux voir la lumière qui palpite au fond de lui.

J’ai mis vingt cinq ans pour comprendre tout ça, j’ai mis le temps, mais ce n’était pas là le plus important, car j’ai avancé, j’ai accepté, j’ai pardonné, je suis en paix….

jeudi, juin 08, 2006

Une journée sans fin


Cinq heures du matin, d’habitude la maison est calme, pas un bruit, je me réveille en sursaut comme si quelque chose d’important se passait là autour de moi, j’ouvre les yeux, en face de mon lit la salle de bain, papa se rase, inhabituel à cet heure ci, je me lève avec une angoisse qui surgit je ne sais d’où, un nœud sur l’estomac, je m’approche et là je vois les yeux rougis de papa, des larmes qui coulent.
Il me dit tu sais ton cousin Pierre. Oui je sais, je refais le film de la veille à 100 à l’heure, il conduisait une jeep pour emmener des gens combattre au nord de la région contre les Palestiniens qui ont ouvert se front et tentaient une avancée vers nos régions, je voulais le voire absolument lui parler, pourquoi ? Je ne le sais pas moi-même, mais ça me paraissait vital, je l’ai cherché un moment et quand enfin je l’ai aperçu, trop tard la jeep s’éloignait, j’ai couru après pas réussi à le rattraper. Et bien mon cousin oui qu’est ce qu’il a ? Et bien il a été blessé par un obus cette nuit il est en salle d’opération.
A ce moment j’ai compris ce que voulait dire l’expression : le monde s’écroule, je n’ai pas encore 18ans.
Mes parents sont partis à l’hôpital, je suis resté prostré un moment dans le salon à attendre des nouvelles, à téléphoner à mes tantes, je cherchais une réponse qui me rassure, tenaillé par une sensation de vide absolue qui grandit en moi.
Le temps s’est figé, le temps a changé, à cette période où il fait beau, le ciel s’est voilé, comme pour annoncer une mauvaise nouvelle à laquelle il me prépare.
Je sors de l’immeuble pour aller chercher des nouvelles, je n’en peux plus, mon être mon âme ma tête bouillonnent, tout se bouscule dans une cacophonie et un désordre, le chaos.
Dehors le ciel est triste, les rues sont vides, je trouve quelqu’un que je connais, je lui pose des questions, je lui parle, avec cette sensation que quelqu’un d’autre parle à ma place, les yeux dans le vague. Je suis vide de toute vie, l’impression d’être quelqu’un d’autre que je ne connais pas.

Quand enfin j’aperçois un de mes cousins, je suis paralysé, je veux aller vers lui, lui parler, pour savoir, mais j’ai peur de la réponse, je m’approche comme un zombie, la gorge nouée, les larmes au bord des yeux, les poings serrés, à sa tête j’ai compris qu’il n’y a pas de question à poser, pourtant je le fais espérant me réveiller d’un cauchemar, entendre non tu t’es trompé, tout va bien.

A ma question, sa réponse nette sans appel comme un guillotine, j’entends, il est mort, il n’a pas survécu à ses blessures, il était à 7 Km du lieu du combat, un obus a percuté le montant de la fenêtre de sa jeep, un éclat lui a tranché la carotide.

Puis le néant absolu, je ne me rappelle plus de rien, jusqu’au moment où j’ai pu aller chez lui, le soleil est revenu, je ne sais plus si je pleure, si je suis moi ici, je ne sais même plus qui je suis.

Le cercueil, au milieu de la pièce, un cordon fait par des adultes pour que personne s’en approche, je veux le voir on veut m’en empêcher, je trouvé une force que je ne me connais pas, j’ai agrippé deux mains qui se tiennent, j’ai appuyé de toutes mes forces ils n’ont pu résister, ils me demandent de les lâcher, je suis passé.

Il a les yeux fermés, le côté tuméfié, mais un air apaisé, j’ai vidé mes dernières larmes, j’ai épuisé mes dernières colères.

Longtemps il m’a hanté, il a habité mes rêves, toujours les mêmes, il est là vivant à mes côté, il n’est pas mort, puisqu’il me répond au téléphone, puisqu’il passe me voir. Je me réveille pour retoucher à la réalité.

Maintenant que ses visites se font plus rares, je les prends comme un cadeau, je sais qu’on ne s’est pas oublié.



lundi, juin 05, 2006

Clin d'oeil


Ce texte est tiré du livre "La Jeunesse et l'Espoir"
de Gibran Khalil Gibran
Ecrivain Libanais


La jeunesse marchait devant moi, et je la suivis jusque dans un champ retiré. Là elle s'arrêta et leva les yeux vers les nuages qui erraient dans le ciel, tel un troupeau de moutons. Puis elle regarda les arbres dont les branches nues étaient tendues vers le ciel comme dans un geste d'invocation, afin que revînt leur feuillage.

Et je dis : "O jeunesse, en quel lieu sommes nous arrivés?"
Elle répondit : "Dans le champ de la confusion. Garde toi."
Alors je criais : "allons nous-en sans tarder, cet endroit m'effraie."
Mais elle objecta : "soit patient, car c'est dans le doute que naît la connaissance."

Puis, regardant à l'entour, je vis une gracieuse silhouette venir vers nous. Je m'enquis : " qui est cette femme?"
Et le jeunesse de répliquer : " C'est Melpomène, fille de Zeus et Muse de la tragédie."
"Mais jeunesse heureuse, m'écriai-je, que me veut la Tragédie alors que vous êtes auprès de moi?"
Et elle me répondit : " Elle est venue afin de te montrer la terre et ses afflictions, car quiconque n'a jamais regardé la souffrance ne peut prétendre voir la joie."

Suite au prochain épisode

dimanche, juin 04, 2006

Mémoire


J’ai retrouvé des pages écrites par moi après mon arrivée en France, étrange sentiment de retoucher à mes pensées d’hier, et hier c’était il y 20 – 30 ans. J’en avais oublié la plupart de mes paroles de mes colères. Ce qui leur donne plus de relief c’est ce que je j’écris aujourd’hui. Puis je découvre que je n’écrivais pas très bien le Français, trop de répétitions de fautes, donc conclusion je me suis un peu amélioré, mais la force du sentiment, de la révolte sont là. Je vais publier au fur et à mesure de mes corrections ces textes d’un moment, empreintes des pensées que j’avais en essayant de ne pas les déformer.
Je mentionnerais texte ancien pour vous situer ou la date quand je l’ai noté.

jeudi, juin 01, 2006

Utopie


Alors écoute bien, je suis bavard dans mes silences, je me parle de toutes ces absences, je fais le monde à manière tendre doux et sans colères je rêve d'un pays merveilleux sans haines ni guerres non je ne veux pas d'un monde insipide. Juste sans guerre juste sans misères.