Après un long silence je reviens,
Oui je reviens car il m’était difficile d’écrire, car mes mots étaient teintés de colère et de haine, j’étais sans indulgence.
Oui mon passé m’est revenu comme un boomerang à la figure, violence, tuerie sauvagerie sans nom, sans réel motif valable.
Oui il m’a fallu du temps pour « digérer », reprendre de la distance.
Non cela ne veut pas dire que je pardonne à ceux qui ont initiés la guerre et à ceux qui en ont profité pour démolir méthodiquement un pays, car cela n’est pas pardonnable.
Je vous livre cette métaphore que j’ai lue il y a quelques jours et qui résume bien mon état d’esprit aujourd’hui :
Un vieil homme qui vit seul au sommet d’une montagne avec son fils unique et n’ayant pour seul bien qu’un cheval. Le cheval s’enfuit, les villageois viennent le réconforter et il leur répond : « je ne sais pas si c’est un bien ou si c’est un mal ».
Puis son cheval revient accompagné d’une horde de chevaux sauvages vite capturés par son fils. Les villageois viennent le féliciter en disant que cela se termine positivement. Le vieil homme leur répond de nouveau : « je ne sais pas si c’est un bien ou si c’est un mal ». Ce qui surprend vivement les villageois.
Quelques temps après, le fils, en dressant les chevaux sauvages, fait une grave chute et se retrouve totalement impotent. Les villageois retrouvent le vieil homme pour le consoler. De nouveau celui-ci répond : « je ne sais pas si c’est un bien ou si c’est un mal ». Ce qui choque les villageois car ils ne comprennent pas ce que l’on peut trouver de bien à ce que son fils soit invalide pour de nombreux mois.
Et ce n’est que lorsque, quelques mois plus tard, la guerre ensanglante le pays tout entier, que tous les jeunes gens du village sont réquisitionnés pour aller à la guerre et que seuls quelques uns en reviennent, pour la plupart gravement mutilés, que les villageois comprennent ce que le vieil homme a voulu leur dire.
Et au Liban nous avons un proverbe qui dit : « Ne déteste rien, c’est peut être pour un bien »
J’ose espérer que cette guerre ne sera pas inutile et qu’au-delà des horreurs, c’est sur le chemin chaotique de la paix que nous cheminons.
J'offre ce passage à tous les morts de cette guerre quelque soit leur camp.